Quelles sont les causes de la perte de poids après un AVC ?

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La perte de poids post-AVC est multifactorielle. Elle peut résulter dune alimentation réduite, de changements métaboliques favorisant la dégradation des tissus, et dune résistance accrue à linsuline liée à linflammation ou au stress engendré par laccident vasculaire cérébral lui-même.

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La Perte de Poids Insidieuse après un AVC : Un Enjeu de Santé Publique

Un accident vasculaire cérébral (AVC) est un événement traumatique qui bouleverse la vie du patient, à la fois physiquement et psychologiquement. Au-delà des séquelles neurologiques souvent mises en avant, la perte de poids significative après un AVC est un symptôme courant, souvent sous-estimé, et dont les causes sont complexes et interconnectées. Contrairement à une simple perte de poids liée à un régime, celle-ci est souvent involontaire et peut avoir des conséquences délétères sur la récupération et la qualité de vie du patient.

Contrairement à une idée reçue, la perte de poids post-AVC ne résulte pas uniquement d’une diminution de l’appétit. Bien que ce facteur joue un rôle indéniable, la réalité est beaucoup plus nuancée. Plusieurs mécanismes physiologiques et psychologiques interagissent pour expliquer cette perte de poids souvent préoccupante :

1. Troubles de la déglutition et de la mastication : Les lésions cérébrales causées par l’AVC peuvent affecter les nerfs contrôlant la déglutition et la mastication. La dysphagie, difficulté à avaler, est un symptôme fréquent, rendant l’alimentation difficile, voire dangereuse, et limitant l’apport calorique. De même, des troubles de la mastication peuvent empêcher une consommation suffisante d’aliments solides.

2. Modifications métaboliques et catabolisme accru : L’AVC déclenche une réponse inflammatoire systémique importante. Cette inflammation chronique, combinée au stress physique et émotionnel post-AVC, peut accélérer le catabolisme, c’est-à-dire la dégradation des tissus musculaires et adipeux. Le corps utilise alors ses propres réserves pour répondre à cette demande énergétique accrue, entraînant une perte de poids.

3. Résistance à l’insuline et troubles métaboliques : L’inflammation et le stress post-AVC peuvent induire une résistance à l’insuline, une hormone essentielle à la régulation du glucose sanguin. Cette résistance perturbe le métabolisme énergétique, contribuant à la perte de poids et augmentant le risque de complications métaboliques à long terme, telles que le diabète.

4. Facteurs psychologiques et comportementaux : La dépression, l’anxiété et le traumatisme psychologique liés à l’AVC peuvent influencer l’appétit et les habitudes alimentaires. Le manque de motivation, la fatigue extrême et les difficultés à effectuer les actes de la vie quotidienne, peuvent également rendre l’alimentation plus complexe et moins prioritaire. Un changement d’environnement, lié à l’hospitalisation ou à un placement en institution, peut aggraver la situation.

5. Prise de médicaments : Certains médicaments utilisés pour le traitement de l’AVC ou de ses complications peuvent avoir des effets secondaires entraînant une perte d’appétit ou des troubles digestifs.

Conséquences et prise en charge : La perte de poids importante après un AVC peut compromettre la récupération fonctionnelle, augmenter la faiblesse musculaire, et affecter la qualité de vie globale. Il est donc crucial de consulter un médecin et une équipe pluridisciplinaire (médecin, nutritionniste, ergothérapeute, orthophoniste) afin d’établir un plan de prise en charge personnalisé. Ce plan peut inclure une adaptation de l’alimentation, la mise en place de stratégies pour améliorer la déglutition, un soutien psychologique et un suivi régulier de l’état nutritionnel du patient. Une surveillance attentive et une intervention précoce sont essentielles pour prévenir les conséquences négatives de cette perte de poids souvent insidieuse.