Qui a découvert le béribéri ?

14 voir

Le biochimiste Kazimierz Funk a joué un rôle clé dans la compréhension du béribéri. Il a identifié la cause de la maladie comme une carence nutritionnelle, remédiable grâce à la vitamine B1 présente dans le riz complet. Funk est également reconnu pour avoir isolé cette vitamine, marquant une avancée majeure dans la science de la nutrition.

Commentez 0 J'aime

La quête de la vitamine anti-béribéri : au-delà de Kazimierz Funk

L’histoire de la découverte du béribéri, cette maladie débilitante causée par une carence en vitamine B1 (thiamine), est complexe et ne peut se résumer à un seul nom. Si Kazimierz Funk a joué un rôle indéniable dans la compréhension de cette affection, il est important de replacer sa contribution dans un contexte plus large, marqué par les travaux de nombreux chercheurs à travers le monde.

Funk, au début du XXe siècle, isola et nomma une “vitamine” (contraction de “vital amine”) anti-béribéri. Son travail, basé sur les recherches antérieures d’autres scientifiques, notamment Christiaan Eijkman, fut crucial. Eijkman, médecin militaire aux Indes orientales néerlandaises, observa dès 1886 que les poulets nourris de riz décortiqué développaient des symptômes similaires au béribéri humain, et que ceux-ci disparaissaient avec la réintroduction du son de riz. Cette observation fondamentale lui permit d’établir un lien entre la maladie et une carence alimentaire, ouvrant la voie à la recherche d’un facteur spécifique. Pour cette découverte, Eijkman reçut le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1929.

Gerrit Grijns, successeur d’Eijkman, poursuivit les recherches et affina l’hypothèse de la carence. Il démontra que le béribéri n’était pas causé par une toxine dans le riz blanc, mais bien par l’absence d’un élément nutritif essentiel présent dans le son. Ce sont ces travaux qui ont directement inspiré Funk, qui isola en 1912 une substance du son de riz qu’il pensait être l’unique facteur anti-béribéri. Bien que sa préparation ne fût pas pure (elle contenait d’autres vitamines du groupe B), Funk popularisa le concept de “vitamine” et ouvrit la voie à la découverte et à la caractérisation d’autres vitamines essentielles.

Parallèlement à ces recherches, d’autres scientifiques, notamment au Japon, contribuèrent à la compréhension du béribéri. Kanehiro Takaki, médecin de la marine japonaise, observa dès les années 1880 une prévalence élevée du béribéri parmi les marins et, modifiant leur régime alimentaire en y incluant plus de légumes, de viande et de lait, réussit à réduire significativement l’incidence de la maladie.

Il est donc important de reconnaître que la découverte du béribéri et de son remède n’est pas le fruit d’un seul individu, mais le résultat d’un effort collectif et international, où observations cliniques, expérimentations animales et analyses chimiques se sont combinées pour aboutir à une avancée majeure en santé publique. Kazimierz Funk a joué un rôle important dans cette histoire, mais il est essentiel de ne pas occulter les contributions cruciales de ses prédécesseurs et contemporains.