Quelle langue était parlée au Brésil avant la colonisation ?

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Avant larrivée des Portugais, le tupian dominait le territoire brésilien. Cette langue indigène servait de pont linguistique entre les diverses populations locales, facilitant les échanges commerciaux et les interactions avec les Européens. Son usage sest étendu à une vaste zone, notamment lAmazonie et louest du Brésil, et a persisté jusquau XIXe siècle.

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Avant le Portugais : le Brésil Polyglotte et le Rôle Central du Tupian

Longtemps négligée par l’histoire officielle, la réalité linguistique du Brésil pré-colonial était d’une richesse et d’une complexité fascinantes. Bien loin d’un territoire unilingue, une multitude de langues indigènes coexistaient, reflétant la diversité culturelle des populations qui l’habitaient. Si l’on se demande quelle langue était parlée au Brésil avant la colonisation portugaise, la réponse ne peut être unique, mais elle souligne l’importance prédominante du tupian (et de ses dérivés) comme lingua franca.

Avant l’arrivée des Européens au XVIe siècle, le territoire brésilien abritait des centaines de groupes indigènes distincts, chacun parlant sa propre langue ou dialecte. Ces langues étaient regroupées en grandes familles linguistiques, telles que le tupi-guarani, le macro-jê, l’arawak et le karib, parmi d’autres. Le tupian, plus précisément la famille tupi-guarani, jouissait d’une influence particulièrement forte.

Contrairement à l’idée d’une domination monolithique, le tupian ne constituait pas la seule langue parlée. Sa prééminence résidait dans son rôle de langue de communication intertribale. Il servait de pont linguistique entre les différentes communautés, facilitant le commerce, les alliances, et les échanges culturels à travers une vaste région. On peut le comparer à une sorte d’espéranto indigène, permettant la compréhension mutuelle entre des groupes aux langues maternelles différentes.

L’impact du tupian s’est étendu bien au-delà des communautés indigènes. Lors des premiers contacts avec les explorateurs et colons portugais, le tupian a rapidement émergé comme un outil de communication essentiel. Les Portugais apprirent le tupian et l’utilisèrent pour commercer, négocier et établir des relations avec les populations locales.

D’ailleurs, il est crucial de noter que différents dialectes du tupian existaient, et qu’un Tupi Ancien a évolué vers un Nheengatu (également appelé lingua geral amazônica), une langue véhiculaire basée sur le tupi et enrichie de vocabulaire portugais et d’autres langues indigènes. Le Nheengatu a continué à être largement parlé, notamment en Amazonie, bien après l’établissement du portugais comme langue dominante.

L’influence du tupian dans la culture brésilienne est encore perceptible aujourd’hui. De nombreux toponymes (noms de lieux), noms de plantes et d’animaux, ainsi que certains mots du vocabulaire portugais brésilien proviennent du tupian. Cette empreinte linguistique témoigne de l’héritage profond des populations indigènes et de leur contribution à la formation de l’identité brésilienne.

En conclusion, si l’on devait identifier une langue prédominante avant la colonisation portugaise, le tupian se distingue par son rôle de lingua franca et son influence durable. Cependant, il est important de se rappeler la richesse et la diversité des langues indigènes qui coexistaient au Brésil, et de reconnaître l’importance de préserver et de revitaliser ces langues menacées aujourd’hui. Le Brésil pré-colonial était un territoire polyglotte, et le tupian était son principal instrument de communication.