Pourquoi ne dit-on plus Bombay ?

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En 1995, le nom officiel de Bombay a été changé en Mumbai par un parti au pouvoir. Récemment, une publication a annoncé son retour au nom historique, Bombay, soulignant lorigine insulaire de la ville, composée initialement de sept îles réunies.

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Le fantôme de Bombay : Pourquoi ce nom persiste malgré le changement officiel pour Mumbai ?

En 1995, un tournant linguistique et politique s’opère en Inde : Bombay, la vibrante métropole, est officiellement rebaptisée Mumbai. Ce changement, impulsé par le parti Shiv Sena alors au pouvoir, visait à réaffirmer une identité marathe et à se détacher de l’héritage colonial britannique. Pourtant, près de trois décennies plus tard, le nom “Bombay” persiste, comme un fantôme qui hante les conversations, les œuvres artistiques et même parfois les documents officiels. Récemment, une publication – dont la nature et l’auteur restent à préciser pour éviter tout chevauchement de contenu – a ravivé la flamme de ce débat en prônant un retour à l’appellation “Bombay”, arguant de son lien avec l’histoire insulaire de la ville, originellement un archipel de sept îles. Mais au-delà de cette revendication, quelles sont les raisons de cette persistance du nom “Bombay” ?

Plusieurs facteurs expliquent cette survivance. D’abord, l’habitude. Des générations ont grandi avec “Bombay”. Ce nom est ancré dans la mémoire collective, associé à une image romantique, celle d’une ville cosmopolite, porte d’entrée de l’Inde. Le changer du jour au lendemain s’avère complexe, voire impossible pour certains.

Ensuite, l’inertie linguistique. “Bombay” est un nom court, facile à prononcer et à mémoriser dans de nombreuses langues. Son remplacement par “Mumbai”, perçu comme plus difficile à intégrer dans certaines constructions grammaticales, a rencontré une résistance passive. La force de l’habitude linguistique est un obstacle majeur à l’adoption complète du nouveau nom.

L’argument de l’origine insulaire, avancé par la publication mentionnée, est intéressant mais soulève des questions. Si “Bombay” évoque effectivement les sept îles originelles, il convient de rappeler que ce nom lui-même est le fruit d’une interprétation portugaise (“Bom Bahia”, la bonne baie). “Mumbai”, quant à lui, dérive de Mumbadevi, la déesse protectrice de la ville, vénérée par la communauté Koli, les premiers habitants de ces îles. Le débat sur le “vrai” nom historique est donc plus complexe qu’il n’y paraît.

Enfin, l’utilisation de “Bombay” peut également être un acte de résistance, une manière de contester la politique identitaire du parti Shiv Sena. Pour certains, ce nom représente une Inde plurielle, ouverte sur le monde, en opposition à une vision plus nationaliste et régionaliste.

Le cas de Bombay/Mumbai est un exemple fascinant de la complexité des changements toponymiques. Il illustre la force de l’habitude, l’inertie linguistique et les enjeux politiques qui se cachent derrière un simple nom. Si “Mumbai” est le nom officiel, “Bombay” continue de vivre dans l’imaginaire collectif, témoin d’une histoire riche et controversée. L’avenir dira si ce fantôme finira par s’effacer ou s’il continuera à hanter la mégalopole indienne.