Pourquoi dit-on les habs ?
Lexpression « Habs » pour désigner les Canadiens de Montréal découle dune évolution du mot « habitant ». Devenu péjoratif, il fut abandonné par les francophones, mais le diminutif « Habs », débarrassé de sa connotation négative, a perduré.
D’Habitants à Habs : L’incroyable destin d’un surnom
L’histoire du hockey canadien est riche en anecdotes, rivalités et traditions. Parmi celles-ci, l’utilisation du surnom « Habs » pour désigner les Canadiens de Montréal possède une généalogie fascinante, révélatrice d’une évolution linguistique et sociale complexe. Contrairement à la croyance populaire, ce diminutif n’est pas né d’un coup de génie marketing, mais plutôt d’une transformation sémantique subtile, voire ironique, d’un terme autrefois chargé de condescendance.
Le mot « habitant », au Canada français du XIXe siècle et du début du XXe, désignait les Canadiens francophones, souvent avec une connotation péjorative. Il évoquait une population rurale, simple, voire naïve, contrastant avec l’élite anglophone, plus urbanisée et influente. Ce terme, utilisé par les médias et les élites, portait en lui une forme de mépris social et culturel. L’utilisation du mot « habitant », loin d’être un signe d’appartenance fière, était plutôt perçue comme une marque d’infériorité imposée. Imaginez l’effet sur l’estime de soi collective !
Or, les joueurs de l’équipe de hockey, principalement issus de ce milieu francophone, étaient eux aussi désignés par ce terme. On parlait des « habitants » qui jouaient au hockey, une formule qui, loin de célébrer leur origine, la présentait comme une forme de faiblesse ou de rusticité.
C’est dans ce contexte que le diminutif « Habs » a émergé. Débarrassé de la lourde charge négative du mot complet, il a subi un processus de réappropriation. Progressivement, le terme « Habs », initialement utilisé peut-être avec une pointe d’ironie ou de sarcasme, a été adopté par les fans francophones eux-mêmes. Il est devenu un symbole d’identité, un marqueur d’appartenance fier et une façon de se distinguer. Le processus a été lent, subtil, et l’adoption du terme “Habs” par la communauté francophone a marqué une sorte de reconquête sémantique, une transformation du terme négatif en un symbole de fierté collective.
Aujourd’hui, « Habs » est un surnom profondément ancré dans la culture québécoise et le patrimoine du Canadien de Montréal. Il témoigne d’une capacité remarquable à transformer une expression péjorative en un emblème d’identité et de fierté, un puissant rappel du chemin parcouru et de la force de résilience de la communauté francophone du Québec. Plus qu’un simple surnom, « Habs » raconte une histoire, celle d’une appropriation linguistique audacieuse et d’un héritage culturel riche et complexe.
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