Pourquoi se frotte le visage quand on est fatigué ?

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La fatigue réduit la fréquence des clignements, diminuant le renouvellement de la couche lipidique protectrice de la rétine. Se frotter les yeux stimule mécaniquement cette régénération, compensant le manque de lubrification naturelle.

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Pourquoi ce besoin irrépressible de se frotter le visage quand la fatigue nous gagne ? On s’étire, on baille, et nos mains, presque instinctivement, viennent masser nos paupières, pincer l’arête de notre nez, frotter nos joues. Ce geste, loin d’être un simple tic nerveux, répond à une logique physiologique bien précise, notamment liée à la lubrification de nos yeux.

La fatigue, qu’elle soit physique ou mentale, impacte directement notre rythme de clignement. On cligne moins souvent, parfois sans même s’en rendre compte. Or, ce battement de paupières est essentiel : il permet de répartir uniformément le film lacrymal, une fine couche protectrice composée d’eau, de lipides et de mucines. Ce film, comparable à un minuscule bouclier, hydrate la cornée, la protège des agressions extérieures (poussières, bactéries) et assure une vision claire et nette.

Lorsque la fatigue s’installe et que la fréquence des clignements diminue, la couche lipidique, la partie “huileuse” du film lacrymal qui empêche son évaporation, se raréfie. La surface de l’œil s’assèche, créant une sensation d’inconfort, de picotements, voire de vision floue. C’est là que le frottement intervient.

En se frottant les yeux, on stimule mécaniquement les glandes de Meibomius, situées dans les paupières. Ces glandes sont responsables de la sécrétion de la composante lipidique du film lacrymal. La pression exercée par nos doigts favorise ainsi la libération de ces lipides, reconstituant artificiellement la couche protectrice et soulageant temporairement la sécheresse oculaire.

Cependant, si ce geste apporte un soulagement immédiat, il n’est pas sans risque. Nos mains, même apparemment propres, transportent une multitude de bactéries qui peuvent être transférées à la surface fragile de l’œil, augmentant le risque d’infections. De plus, frotter trop fort ou trop fréquemment peut irriter la cornée et aggraver la sécheresse à long terme.

Plutôt que de céder systématiquement à l’envie de se frotter les yeux, il est préférable d’adopter des stratégies plus saines pour lutter contre la fatigue oculaire : faire des pauses régulières devant les écrans, cligner des yeux consciemment plus souvent, utiliser des larmes artificielles si nécessaire et, bien sûr, privilégier un sommeil suffisant pour un repos optimal et une meilleure lubrification naturelle des yeux.