Pourquoi je ne range rien ?

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Le désordre peut révéler un manque dénergie et une tendance à la déprime. La difficulté à ranger sinstalle progressivement, laissant les objets envahir lespace. Létat de notre intérieur est souvent le reflet de notre état desprit, témoignant de nos préoccupations internes.

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Pourquoi je ne range rien ? Un désordre qui parle de moi.

Le désordre ambiant. Ces piles de livres qui s’effondrent, ces vêtements éparpillés sur le sol, ce bureau recouvert d’un épais tapis de papiers… On le sait, ce n’est pas esthétique. Mais au-delà de l’aspect visuel, ce refus obstiné de ranger, cette incapacité persistante à ordonner son espace, cache souvent bien plus qu’une simple paresse. Pour moi, en tout cas, c’est le cas. Ce n’est pas un manque de volonté, mais une complexité émotionnelle qui se manifeste par ce chaos apparent.

On parle souvent du lien entre l’état de notre intérieur et notre état d’esprit. Et il est vrai que mon appartement, souvent qualifié de “bordélique” avec une certaine bienveillance, reflète assez fidèlement ma propre agitation intérieure. L’idée même de ranger me semble insurmontable, un effort herculéen face auquel je me sens constamment démunie. Ce n’est pas une question de temps, car je peux passer des heures à naviguer sur internet ou à regarder des séries. Non, le problème est ailleurs.

Je crois que mon désordre est le symptôme d’un manque d’énergie profond, d’une sorte de fatigue invisible qui m’empêche de me concentrer sur des tâches aussi banales que le rangement. Ce n’est pas une fatigue physique, mais une lassitude mentale, une apathie qui engloutit peu à peu ma motivation. Le désordre devient alors une sorte de refuge, un espace tampon entre moi et la pression du quotidien. Ranger, c’est affronter cette pression, c’est s’obliger à un effort qui me semble disproportionné par rapport à l’énergie que je peux mobiliser.

Par ailleurs, je soupçonne une certaine tendance à la déprime, une mélancolie sourde qui se manifeste par cette incapacité à agir, à prendre soin de mon environnement. Le désordre, paradoxalement, me procure un sentiment étrange de sécurité. Il me protège, me dissimule, me coupe du monde extérieur. C’est une carapace, un rempart contre l’intrusion des exigences du quotidien. C’est dans ce chaos que je trouve, étrangement, une certaine forme de paix, une sorte d’accalmie avant la tempête.

Le chemin vers un intérieur ordonné passe donc, pour moi, par une introspection plus profonde. Il ne s’agit pas seulement de ranger mes affaires, mais de ranger mon esprit, de combler ce manque d’énergie, de soigner cette mélancolie. C’est un travail long et complexe, un processus qui nécessite patience et bienveillance envers moi-même. Car derrière le désordre, il y a une histoire à raconter, une histoire personnelle qui se dessine dans le chaos apparent de mon appartement. Et c’est cette histoire que je dois apprendre à comprendre et à apprivoiser, avant de pouvoir espérer voir enfin l’ordre s’installer, non pas seulement dans mon espace physique, mais aussi dans mon espace intérieur.