Qui a inventé la charge mentale ?

La charge mentale : Monique Haicault, pionnière d’un concept omniprésent

Si le terme “charge mentale” a explosé dans l’espace public et les conversations ces dernières années, son origine remonte bien plus loin. Contrairement à une idée parfois répandue, il n’est pas né sur les réseaux sociaux. C’est la sociologue Monique Haicault qui, dès 1984, a forgé et employé cette expression pour décrire la réalité vécue par de nombreuses femmes, notamment au sein du foyer.

Loin d’une simple liste de tâches à accomplir, la charge mentale, telle que conceptualisée par Haicault, désigne la gestion, souvent invisible et non partagée, de l’organisation du quotidien. Elle englobe non seulement l’exécution des tâches ménagères, mais surtout l’anticipation, la planification et la coordination de l’ensemble des obligations relevant de sphères distinctes : courses, repas, rendez-vous médicaux, suivi scolaire des enfants, gestion des imprévus, etc. C’est le poids constant de devoir penser à tout, de se projeter et d’assurer le bon déroulement de la vie familiale.

L’article fondateur de Monique Haicault, “La Gestion ordinaire de la vie en deux”, paru dans la revue Sociologie en 1984, approfondit cette notion. Elle y analyse la division du travail domestique au sein des couples et met en lumière la dissymétrie des responsabilités. Si les hommes participent parfois aux tâches concrètes, la planification et l’organisation globale, c’est-à-dire la charge mentale, restent majoritairement assumées par les femmes. Ce travail invisible, souvent minimisé, génère fatigue, stress et un sentiment d’injustice.

L’apport de Monique Haicault est d’autant plus important qu’elle a conceptualisé la charge mentale avant l’avènement d’internet et des réseaux sociaux. Son travail précurseur a permis de nommer et de comprendre un phénomène social complexe, ouvrant la voie à des réflexions et des débats essentiels sur la répartition des tâches domestiques et l’égalité au sein du couple. Si le terme a gagné en popularité récemment, il est crucial de reconnaître la contribution essentielle de Monique Haicault, qui a su, dès les années 80, identifier et analyser ce phénomène avec finesse et pertinence. Sa contribution pionnière demeure le socle sur lequel s’appuient les discussions actuelles sur le sujet.

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