Quelles sont les mycoses profondes ?

Mycoses profondes : une exploration des infections fongiques systémiques

Les mycoses, infections causées par des champignons, ne se limitent pas aux affections superficielles de la peau ou des ongles. Certaines, qualifiées de “profondes” ou “systémiques”, envahissent les tissus et organes internes, pouvant entraîner des complications graves voire mortelles si elles ne sont pas traitées adéquatement. Contrairement à l’idée reçue d’une simple irritation cutanée, les mycoses profondes représentent un défi médical important, nécessitant une approche diagnostique et thérapeutique spécifique.

Contrairement à la classification simpliste souvent rencontrée, la distinction entre mycoses profondes ne repose pas uniquement sur une simple opposition “opportunistes vs. tropicales”. Bien que cette dichotomie soit un point de départ utile, elle simplifie une réalité plus nuancée. Il est plus pertinent de les catégoriser en fonction de leur mode de transmission, de leur pathogénicité et de leur répartition géographique.

Deux grandes familles de mycoses profondes se dégagent, toutefois, avec des nuances importantes:

1. Mycoses opportunistes à distribution cosmopolite: Ces infections sont causées par des champignons présents dans l’environnement, souvent inoffensifs chez les individus immunocompétents. Cependant, chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli (par exemple, suite à une chimiothérapie, une transplantation d’organe, ou une infection par le VIH), ces champignons peuvent devenir pathogènes, provoquant des infections graves. Parmi les exemples les plus fréquents, on retrouve :

• La candidose systémique: Causée par des levures du genre Candida, principalement Candida albicans. Elle peut affecter divers organes, notamment l’œsophage, les poumons ou le système nerveux central.
• L’aspergillose invasive: Provoquée par des moisissures du genre Aspergillus. Elle touche principalement les poumons, mais peut se disséminer dans d’autres organes.
• La cryptococcose: Causée par la levure Cryptococcus neoformans, fréquente dans les sols contaminés par les fientes d’oiseaux. Elle affecte principalement le système nerveux central, causant des méningites.
• La mucormycose: Infection rare mais grave causée par des champignons du phylum Mucoromycota, souvent observée chez les personnes diabétiques ou immunodéprimées.

2. Mycoses endémiques à distribution géographique restreinte: Ces infections sont causées par des champignons dont l’habitat est limité à certaines régions géographiques. L’exposition à ces champignons, généralement par inhalation de spores, peut déclencher une infection, même chez des individus immunocompétents. La gravité de l’infection varie selon l’espèce fongique et la réponse immunitaire de l’hôte. On retrouve par exemple :

• L’histoplasmose: Liée à l’inhalation de spores d’Histoplasma capsulatum, présentes dans les sols contaminés par les excréments de chauves-souris et d’oiseaux. Principalement observée en Amérique du Nord et en Amérique Centrale.
• La coccidioïdomycose: Causée par l’inhalation de spores de Coccidioides immitis et Coccidioides posadasii, présentes dans les sols arides de l’ouest des États-Unis, du Mexique et de l’Amérique du Sud.
• La blastomycose: Due à Blastomyces dermatitidis, un champignon présent dans les sols humides d’Amérique du Nord.
• La paracoccidioïdomycose: Principalement observée en Amérique latine, causée par Paracoccidioides brasiliensis.

Diagnostic et traitement: Le diagnostic des mycoses profondes nécessite des examens spécifiques, incluant des analyses de sang, des cultures fongiques et des examens d’imagerie. Le traitement repose sur l’utilisation d’antifongiques, dont le choix dépend de l’espèce fongique identifiée et de l’état du patient. Une prise en charge précoce et appropriée est cruciale pour améliorer le pronostic.

Cet aperçu des mycoses profondes souligne la complexité de ces infections et l’importance d’une approche diagnostique et thérapeutique personnalisée, tenant compte de la diversité des agents pathogènes et des facteurs de risque individuels. La prévention, notamment par des mesures d’hygiène appropriées et une prise en charge adéquate des affections sous-jacentes, reste un élément essentiel dans la lutte contre ces infections souvent insidieuses.