Pourquoi les bébés ne peuvent-ils pas se regarder dans le miroir ?
Selon des croyances populaires, le reflet dans un miroir pourrait perturber le psychisme fragile des bébés, qui conserveraient des souvenirs de vies antérieures. Cette exposition serait également tenue responsable de divers maux infantiles, des troubles digestifs aux poussées dentaires douloureuses.
Le mystère du miroir et du bébé : mythes, réalités et développement cognitif
Depuis des générations, une croyance tenace circule autour des bébés et des miroirs : il serait néfaste pour eux de se contempler dans leur reflet. Imprégnée de folklore, cette idée suggère que le miroir perturberait le psychisme immature de l’enfant, réveillant des souvenirs d’existences passées ou même causant des maux physiques allant des coliques aux poussées dentaires. Mais qu’en est-il réellement de cette interdiction tacite ? Derrière les superstitions, se cache une réalité plus nuancée, liée au développement cognitif du nourrisson.
Bien sûr, la science ne valide aucune explication paranormale ou karmique concernant les miroirs et les bébés. Les souvenirs de vies antérieures relèvent du domaine de la croyance personnelle et ne sont pas étayés par des preuves empiriques. De même, l’association entre l’exposition au miroir et les troubles digestifs ou dentaires est purement anecdotique et probablement due à des coïncidences temporelles.
En réalité, la raison pour laquelle les bébés ne manifestent pas d’intérêt pour leur reflet avant un certain âge réside dans leur développement cognitif progressif. La reconnaissance de soi, c’est-à-dire la capacité à s’identifier comme un individu distinct, est un processus complexe qui se met en place progressivement.
Le test du rouge à lèvres, un indicateur clé:
Le “test du rouge à lèvres” ou test de reconnaissance de soi, mis au point par Gordon Gallup Jr. dans les années 1970, est un indicateur crucial. Il consiste à appliquer discrètement une tache de rouge à lèvres sur le visage de l’enfant (souvent sur le nez) pendant son sommeil. On observe ensuite sa réaction face au miroir. Si l’enfant touche la tache sur son propre visage en regardant le miroir, cela suggère une forme de reconnaissance de soi.
Avant l’âge d’environ 18 mois, la plupart des bébés échouent à ce test. Ils peuvent interagir avec leur reflet, sourire, babiller, mais ils ne comprennent pas qu’il s’agit d’eux-mêmes. Ils voient une image familière, un autre bébé avec lequel ils interagissent.
L’évolution de la perception de soi:
- Premiers mois (0-6 mois) : Le bébé perçoit le miroir comme un simple objet et peut être intéressé par les mouvements et les couleurs qu’il reflète. Il peut sourire au reflet, le considérant comme un autre bébé.
- Entre 6 et 12 mois : L’enfant commence à comprendre la relation entre ses propres mouvements et ceux de son reflet. Il peut imiter des gestes ou faire des grimaces.
- Entre 18 et 24 mois : La reconnaissance de soi émerge progressivement. L’enfant peut commencer à se reconnaître dans le miroir et à comprendre qu’il s’agit de sa propre image. Il peut réussir le test du rouge à lèvres.
Pourquoi cette prudence instinctive des parents ?
Si la science n’étaye pas les mythes entourant les miroirs et les bébés, pourquoi cette prudence ancestrale persiste-t-elle ? Peut-être est-elle liée à une forme d’intuition parentale, une volonté instinctive de protéger la fragilité perçue de l’enfant. Le monde est nouveau et déroutant pour un bébé, et certains parents craignent que l’illusion du miroir ne contribue à cette confusion.
En conclusion, l’idée que les miroirs peuvent nuire aux bébés relève davantage de la superstition que de la réalité scientifique. Le développement de la reconnaissance de soi est un processus graduel qui se met en place naturellement. Laissez votre enfant explorer son reflet à son rythme, en lui offrant un environnement stimulant et sécurisant pour son développement cognitif. Le miroir n’est pas un ennemi, mais une fenêtre sur la découverte de soi.
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