Quel est le premier langage ?
Lhypothèse la plus répandue concernant le premier langage est le protolangage, une forme de pidgin. Ce dernier, né de la nécessité de communication entre groupes différents, précédait les langues structurées que nous connaissons.
Au-delà du Mythe de la “Langue Mère” : À la Recherche du Protolangage, l’Ancêtre de Toutes les Langues
L’idée d’une “langue mère”, un langage unique et parfait d’où seraient dérivées toutes les autres langues du monde, a longtemps fasciné les linguistes et les philosophes. Cependant, la réalité de l’origine du langage humain semble bien plus complexe et nuancée. Au lieu de chercher une langue parfaite et originelle, les recherches modernes se concentrent sur le concept de protolangage, une hypothèse fascinante qui propose une solution plus plausible et réaliste à l’énigme du premier langage.
Loin d’être une langue sophistiquée et complète, le protolangage est envisagé comme une forme rudimentaire de communication, une sorte de pidgin primitif. Imaginons des groupes humains différents, parlant des dialectes variés ou ne parlant pas du tout, entrant en contact et ayant besoin de communiquer pour commercer, coopérer, ou simplement survivre. Dans ces situations, un besoin urgent de compréhension mutuelle émerge, forçant la création d’un langage simplifié et partagé.
Ce protolangage se caractériserait par :
- Un vocabulaire limité : Des mots concrets pour désigner des objets, des actions et des besoins de base (nourriture, danger, famille). On parle ici de mots monosyllabiques ou très courts, faciles à mémoriser et à prononcer.
- Une grammaire rudimentaire : L’ordre des mots pourrait être flexible, l’utilisation de la conjugaison et des déclinaisons minime, voire inexistante. L’accent serait mis sur la communication directe et efficace, sans fioritures grammaticales complexes.
- Une forte dépendance au contexte : La signification des mots et des phrases serait fortement influencée par le contexte de la situation, les gestes, les expressions faciales et le ton de la voix.
Contrairement à une langue structurée et codifiée, le protolangage serait donc un outil de communication flexible et adaptable, en constante évolution et influencé par les besoins spécifiques des groupes qui l’utilisent.
Pourquoi l’hypothèse du protolangage est-elle plus crédible que celle de la “langue mère” ?
Plusieurs arguments plaident en faveur du protolangage :
- Parallèle avec l’acquisition du langage chez les enfants : Les enfants apprennent d’abord des mots isolés, puis combinent ces mots en phrases simples, en s’appuyant sur le contexte. Ce processus imite en quelque sorte le développement d’un protolangage.
- Existence des pidgins et créoles : Les pidgins sont des langues simplifiées qui émergent lors de contacts entre différentes langues. Les créoles sont des pidgins qui ont évolué et se sont complexifiés au fil du temps. L’étude de ces langues nous donne un aperçu de la manière dont un protolangage pourrait évoluer.
- Difficultés à reconstruire une langue mère unique : Les linguistes ont tenté de reconstruire une proto-langue indo-européenne, l’ancêtre commun de nombreuses langues européennes et asiatiques. Cependant, étendre cette méthode à toutes les langues du monde s’avère extrêmement difficile, voire impossible, compte tenu du manque de preuves et de la complexité de l’histoire humaine.
En conclusion, l’hypothèse du protolangage, bien que difficile à prouver avec certitude, offre un cadre plus réaliste et pertinent pour comprendre les origines du langage humain. Plutôt que de chercher une langue unique et parfaite, nous devrions nous concentrer sur l’étude des mécanismes de communication rudimentaires et des processus d’adaptation linguistique qui ont permis à nos ancêtres de développer la richesse et la diversité des langues que nous connaissons aujourd’hui. La recherche du premier langage n’est donc pas la quête d’un mythe, mais l’exploration fascinante des racines de notre humanité.
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