Pourquoi une infection urinaire ne se soigne pas ?

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Une infection urinaire non traitée, comme une cystite, peut évoluer en pyélonéphrite aiguë. Les bactéries, notamment E. coli, remontent des voies urinaires vers les reins, causant une infection rénale grave nécessitant un traitement urgent.

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Infection Urinaire Persistante : Comprendre les Raisons d’un Échec du Traitement

L’infection urinaire est une affection courante, particulièrement chez les femmes. Si la plupart des infections urinaires basses (cystites) se résolvent rapidement avec un traitement antibiotique approprié, il arrive qu’une infection persiste ou revienne. Comprendre les raisons de cet échec est crucial pour éviter des complications potentiellement graves.

L’exemple le plus préoccupant d’une infection urinaire non traitée ou mal soignée est son évolution en pyélonéphrite aiguë. Cette infection rénale survient lorsque les bactéries, le plus souvent Escherichia coli (E. coli), migrent vers le haut des voies urinaires et atteignent les reins. La pyélonéphrite aiguë est une infection sévère qui exige une prise en charge médicale rapide et intensive en raison du risque de dommages rénaux permanents et de septicémie (infection généralisée).

Alors, pourquoi une infection urinaire peut-elle persister malgré un traitement ? Plusieurs facteurs peuvent être en cause :

1. Résistance aux antibiotiques : C’est un problème de santé publique majeur. L’utilisation excessive et inappropriée d’antibiotiques a favorisé l’émergence de bactéries résistantes. L’antibiotique initialement prescrit peut s’avérer inefficace, car la bactérie responsable de l’infection a développé une résistance à ce médicament. Des analyses d’urine (ECBU) avec antibiogramme sont alors essentielles pour identifier la bactérie en cause et choisir l’antibiotique le plus adapté.

2. Mauvaise observance du traitement : Il est crucial de suivre scrupuleusement la prescription médicale, même si les symptômes s’améliorent rapidement. Interrompre le traitement avant la fin de la durée prescrite permet aux bactéries survivantes de se multiplier et de potentiellement développer une résistance. Oublier des doses ou prendre le médicament de façon irrégulière peut aussi compromettre son efficacité.

3. Diagnostic erroné ou traitement inapproprié : Tous les symptômes urinaires ne sont pas forcément dus à une infection bactérienne. Une inflammation non infectieuse, une vaginite, ou d’autres conditions peuvent mimer les symptômes d’une cystite. Un diagnostic précis est donc indispensable. De plus, le choix de l’antibiotique doit être adapté à la nature de l’infection (cystite simple, pyélonéphrite, infection récidivante) et aux facteurs de risque du patient (grossesse, antécédents médicaux).

4. Facteurs favorisants non corrigés : Certaines conditions peuvent favoriser les infections urinaires et les rendre plus difficiles à traiter. Parmi celles-ci, on retrouve :

  • Anomalies des voies urinaires : Lithiases (calculs), obstructions, malformations congénitales peuvent gêner l’écoulement de l’urine et faciliter la stagnation bactérienne.
  • Problèmes de vidange vésicale : Rétention urinaire due à une hypertrophie de la prostate chez l’homme, ou à un dysfonctionnement vésical chez la femme, peut favoriser la prolifération bactérienne.
  • Facteurs hormonaux : La ménopause, avec la diminution des œstrogènes, peut affaiblir la muqueuse vaginale et urétrale, la rendant plus vulnérable aux infections.
  • Diabète : Les patients diabétiques sont plus susceptibles de développer des infections urinaires en raison de leur système immunitaire affaibli et de la présence de glucose dans l’urine, favorisant la croissance bactérienne.

5. Infection résistante ou récidivante : Une infection urinaire peut être considérée comme résistante si elle ne répond pas au traitement antibiotique initial. Une infection est dite récidivante lorsqu’elle se reproduit fréquemment (au moins deux infections en six mois ou trois infections en un an). Les infections récidivantes peuvent nécessiter des investigations complémentaires pour identifier la cause sous-jacente et mettre en place une stratégie de prévention à long terme.

En conclusion, une infection urinaire persistante est un problème qui ne doit pas être négligé. Il est impératif de consulter un médecin pour un diagnostic précis, un traitement adapté et la recherche de facteurs favorisants éventuels. Une prise en charge rapide et complète est essentielle pour éviter les complications, notamment la pyélonéphrite aiguë, et pour prévenir les récidives. L’importance de l’antibiorésistance souligne également la nécessité d’une utilisation raisonnée des antibiotiques et d’une meilleure prévention des infections urinaires.